Stéphane Brasca, créateur et éditeur du Carnet d'adresses précieux
Il est difficile de deviner le nombre de nouveaux guides qui paraissent chaque jour - quoi que ce soit un livre ou une application mobile. Mais tout récemment, un œuvre très originale est apparu dans le flot des conseils de voyage : "Carnet d'adresses précieux" qui vous emmène avec style à Nice ou à Cannes. Ce city-guide hyper sélectif et bilingue (français et anglais) est illustré par les dessins de Loïc Alsina. Nous avons parlé avec l'auteur Stéphane Brasca, journaliste et fondateur des éditions de l'air, des livres.
Le côté pratique d'un guide devrait être une évidence, mais dans le cas des "Carnets" j'ai remarqué tout de suite son élégance et sa poésie, signature de l'illustrateur Loïc Alsina. Il semble que vous ayez une main heureuse dans le choix des collaborateurs. Comment les choisissez-vous?
Je vous remercie pour votre compliment et aussi d'avoir noté la part poétique de ce carnet d'adresses illustré avec talent par Loïc Alsina. Il y a trois ans, pour la première édition sur Nice, je me suis mis à chercher localement un artiste qui pourrait apporter une touche poétique certes à mon guide, mais surtout contemporaine. Je ne voulais pas d'un trait élégant, mais classique, ampoulé, très Belle Epoque, comme c'est souvent le cas pour la Côte d'Azur. Ce territoire lui-même a tendance à s'auto-caricaturer quand il a l'occasion de se présenter à travers des publicités ou des livres. Je souhaitais inscrire ce guide dans Nice d'aujourd'hui. Donc il me fallait un auteur qui vive Nice aujourd'hui et non qu'il sublime son passé illustre. De façon générale, pour mon magazine de photographies (de l'air, depuis 18 ans) mes livres ou des revues réalisées pour d'autres, j'essaie toujours de trouver des personnes en accord avec le projet. Parfois des spécialistes, parfois des généralistes. Certains travaillent avec moi depuis le début.
Dans le cas de Nice, le Carnet d'adresses précieux est déjà la deuxième édition, enrichie de 22 sites auparavant inconnus. Le Carnet de Cannes est sorti en août. Comment a-t-il été accepté?
Il a é été très bien reçu. C'est la première aussi qu'un tel guide faisait son apparition à Cannes. Le fait d'être sélectif, c'est à dire de ne pas ressembler à un annuaire où on met tout et n'importe quoi compte. Sans oublier le fait qu'il soit bilingue. C'est primordial ici.
Vos guides présentent aux visiteurs des lieux exceptionnels de la gastronomie, de la culture et de l'art de vivre. J'ai visité plusieurs fois Nice et Cannes et j'ai encore des choses à découvrir. A mon avis, les Carnets pourraient se composer de plusieurs volumes ... Est-il difficile d'être mentionné dans votre guide, lesquelles sont les conditions essentielles ?
Il y a d'excellentes adresses notamment à Nice qui est une
grande ville en pleine évolution. On ne peut pas mettre. Car je veux que ce
carnet soit beau et facile à consulter. Chaque adresse fait l'objet d'une page
ou deux. Donc cela réduit la sélection. On choisit les adresses qui nous
semblent les plus authentiques et surtout qualitatives. C'est très subjectif,
je le concède mais je revendique cette part de subjectivité. Les adresses
choisies sont des partenaires en fait car elles vont à leur tour diffuser le
guide dans leur lieu. Cela permet une très importante diffusion, semblable à un
cercle vertueux. Je précise aussi que les guides sont vendus en librairie, à
Nice, mais aussi à Paris, à la FNAC mais aussi sur notre site www.delair.fr
A votre avis, quels endroits à Cannes et à Nice pourrait-t-on ignorer ?
Beaucoup d'endroits mais c'est le lot de toutes les villes touristiques du monde.
Il est plus qu'évident que les Carnets d'adresses précieuses s'adressent à ceux qui s'amusent à découvrir la beauté et l'atmosphère d'un endroit - est-ce que vous avez l'intention de présenter d'autres villes de la Côte d'Azur ?
Nous y réfléchissons. Monaco, Antibes, Saint-Jean-Cap-Ferrat sont des destinations qui pourraient faire l'objet d'un guide. Plus loin, Marseille ou même Paris !
Vous êtes sur la route Nice-Paris-Nice depuis des années ... Quelle est la raison principale pour laquelle vous avez finalement déménagé à Nice? Le fait de rentrer à votre ville natale ou le désir de changer le style de vie?
Vous êtes bien renseignée! Effectivement, je suis revenu vivre à Nice il y a trois ans car je ne voulais pas y venir plus tard comme un retraité ! J'avais envie de quitter Paris... j'étais déjà parti vivre deux ans au Cambodge avant de revenir sur Nice. Mais je suis très souvent à Paris pur des raisons familiales et professionnelles. Je réalise un magazine de photographies qui est national, de l'air. Je ne peux pas me passer de séjours à Paris qui est la capitale mondiale de la photo. Nous avons des partenariats avec des musées comme le Jeu de Paume, nous sommes à Paris Photo, nos annonceurs sont aussi à Paris etc.
Nice ou Cannes ont la réputation de villes très chères, presque inaccessibles à ceux qui ne vivent en abondance. Dans ce rapport, je me rappelle une déclaration de l'écrivain, scénariste et journaliste brésilien Paul Coelho: "Le voyage n'est jamais une question d'argent mais de courage." Êtes-vous d'accord ?
Je suis d'accord.... mais il est indéniable que Nice et Cannes sont des villes "chères". C'est aussi ce luxe qui fait venir les gens, les riches, et les moins riches, fascinés par cette sorte de dolce vita, ses yachts, ses villas, ses boutiques de luxe etc. Mais on peut vivre Nice, qui est une vraie grande ville, sans être un millionnaire tchèque! La plage, la mer, la montagne sont des plaisirs accessibles, gratuits. Se perdre dans la ville, admirer son architecture, sentir ses odeurs, apprécier son climat, ses lumières, ses couleurs ne demandent pas un euro. C'est au delà du courage, une façon de vivre qu'on peut appliquer en vacances et chez soi !
Préparé par Stanislava Bezdeckova
Photo et dessins: Editions de l'air, des livres